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Feuille d’informations paroissiales – Dimanche 7 décembre

Saint Jean- Baptiste, l’étrange Précurseur

Le temps de l’Avent dans lequel nous sommes désormais entrés de plein pied nous met aux prises avec un personnage en tous points hors du commun : Jean le Baptiste. Son attitude, son accoutrement, ses paroles et même son régime alimentaire nous sont décrits par l’évangéliste saint Mathieu comme tout à fait originaux. C’est un retour à l’époque héroïque du prophète Elie et de sa geste, car comme lui, le Baptiste semble sortir de nulle part, ou du moins de ce désert vaste et terrible, comme lui, il n’a pas sa langue dans sa poche, et comme lui il devra affronter la persécution d’un roi et de sa femme. Mais, comme lui, il ne cédera pas devant les menaces et ne cèdera la place que devant celui qu’il annonce et dont il est le Précurseur.

Mais revenons à son accoutrement, selon de nombreux pères de l’Église, il est symbolique de beaucoup de choses, nous n’en retiendrons cependant que quelques-uns.

On peut voir dans ce vêtement et dans cette nourriture un indice des dispositions de son âme. Il se revêt d’un habit rude et austère parce qu’il devait reprendre les vices des pécheurs. Ou pour saint Hilaire, le Prédicateur du Christ se revêt des dépouilles des animaux immondes, auxquels les Gentils sont trop semblables, et en devenant le vêtement du prophète ils sont purifiés de tout ce que leur vie contenait d’impur ou d’inutile. La ceinture dont ses reins sont entourés, est la préparation efficace à toute sorte de bonnes œuvres, et la disposition où nous devons être de remplir toute espèce de ministère auquel Jésus-Christ nous appelle. Ou encore Jean, qui veut dire grâce de Dieu, représente le Christ qui apporte la grâce au monde ; son vêtement est le symbole de l’Église formée des Gentils.

Voilà pour les vêtements, et en ce qui concerne la nourriture du Baptiste, les pères sont tout aussi diserts.

Selon saint Jérôme :  » Sa nourriture était du miel sauvage et des sauterelles », convient à l’homme de la solitude, qui prend la nourriture non pour goûter les délices de la table, mais pour satisfaire aux exigences du corps. Et pour saint Hilaire : « Il choisit pour nourriture les sauterelles qui nous fuient et s’envolent successivement à chaque pas que nous faisons ». Ainsi notre volonté vagabonde se trahissant dans l’extérieur léger de nos corps, nous emportait et nous rendait inabordables et inaccessibles à toute parole, vides de bonnes œuvres, murmurateurs et inconstants ; mais nous sommes devenus maintenant la nourriture des saints, la société des prophètes, nous sommes du nombre des élus, et le doux miel que nous devons leur offrir ne vient pas des ruches de la loi, c’est un miel sauvage recueilli sur les arbres des forêts. Nous pourrions rajouter que le miel peut renvoyer à la prophétie de l’Emmanuel du livre d’Isaïe relatif à l’annonce de la venue du Messie. Le miel étant également symbole d’immortalité. Notons cependant que celui dont se nourrit le précurseur est sauvage, il n’est pas encore le bon miel domestique, cette nourriture divine qui ne sera transmise que par l’Époux. Jean n’étant pas l’époux, car n’étant pas le Messie, il ne peut non plus délier les courroies de la sandale à l’épouse. Seul le Christ pourra accomplir cette tâche lui qui vient baptiser dans l’Esprit et le feu.

Alexis de Monts de Savasse+, Curé

2025-12-07