11 novembre patriotique
« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchés dessus le sol à la face de Dieu
Heureux les épis murs et les blés moissonnés »
C’est par ces quelques mots de Charles Péguy que nous nous commémorons l’armistice de la grande guerre. Et c’est pour nous l’occasion de nous souvenir de ce conflit en priant pour nos proches qui y sont tombés et peut-être aussi de transmettre et d’enseigner aux générations présentes et futures la mémoire de ceux qui donnèrent leur vie pour que nous puissions vivre aujourd’hui sur notre terre.
Car comme il le disait encore avant de tomber aux champs d’honneur : « lorsqu’une nation ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque actuellement d’un appareil ou d’une industrie, c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même. Pour toute humanité, enseigner, c’est s’enseigner. Une société qui n’enseigne pas, c’est une société qui ne s’aime pas, qui ne s’estime pas ».
Garder mémoire du passé, honorer nos anciens, aimer la terre qui nous porte et nous nourrit, bref, être patriote, ce n’est pas aller contre la foi chrétienne, bien au contraire. Encore faut-il bien comprendre ce qu’est le patriotisme et le distinguer du chauvinisme, de l’impérialisme et du nationalisme batailleur. Non, le patriote, lorsqu’il veut agir en chrétien aura su saisir que la terre de ses ancêtres celle où il est né et où il souhaite reposer est quelque chose qu’il est légitime de préserver. Mais cela n’est juste que dans la mesure où il la considère comme une richesse propre à enrichir la communauté humaine tout entière ; qu’il considère sa patrie comme autant de moyen de servir l’humanité en travaillant à exploiter et partager les fruits du patrimoine hérité. Bref cela n’est légitime qu’en soumettant son patriotisme à des fins plus universelles et plus hautes que son seul triomphe. C’est ainsi que le patriote chrétien pourra être fidèle aux instructions divines puisqu’il servira l’universalisme du Royaume de Dieu en faisant de sa patrie une source de richesses et de grâces pour ses frères les hommes.
Père Alexis de Monts