Dieu serait-il un juge inique ?
 « Dieu, en faisant attendre, étend le désir ; en faisant désirer, il étend l’âme ; en étendant l’âme,
il la rend capable de recevoir. Désirons donc, mes frères, parce que nous devons être comblés. »
(Saint Augustin, sermon sur la 1ère lettre de saint Jean).
Selon saint Augustin, il serait normal que Dieu nous fasse attendre lorsque nous lui demandons quelque chose dans notre prière. Mieux, cela nous serait même avantageux puisqu’en ne nous exauçant pas immédiatement, nous faisons grandir en nous notre désir de Dieu et donc notre foi, à l’image d’un barrage dont l’eau ne monterait que progressivement. Ainsi, le Juge inique de l’évangile de ce dimanche, vision humaine et trop humaine de Dieu, nous fait toucher du doigt la relation que nous avons trop souvent avec Lui : nous le voyons comme quelqu’un de profondément étranger à la chose humaine, qui ne se laisse toucher que lorsque nos cris deviennent assourdissants et que tout semble perdu. Alors et alors seulement, par lassitude et parce qu’il souhaiterait retourner dans son immutabilité bienheureuse à l’écart de tout souci, tel le grand horloger des philosophes des Lumières, il redonnerait un tour de clefs à sa machine puis quitterait à nouveau le monde et son brouhaha. Tel n’est pas notre Dieu, tel n’est pas le Christ Jésus qui, pour nous s’est fait homme, qui pour notre Salut est mort sur la Croix, qui a ouvert grandes les portes du Ciel par sa Résurrection. Et Dieu nous serait indifférent ?
Alexis de Monts de Savasse +, Curé
